Notre stratégie pour le climat
En attendant qu’une technologie du futur arrive pour nous sauver, nous sommes convaincus qu’une ALLIANCE avec la Nature peut jouer un rôle décisif dans la lutte contre le dérèglement climatique.
Les Solutions fondées sur la Nature
Les Solutions fondées sur la Nature sont définies par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) comme : "les actions visant à protéger, gérer de manière durable et restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés pour relever directement les défis de société de manière efficace et adaptative, tout en assurant le bien-être humain et en produisant des bénéfices pour la biodiversité".
Elles sont plébiscitées par le GIEC et la communauté scientifique.
Il n’y a que très récemment que l’homme a pu avoir une telle emprise sur la nature. Le problème est qu'aujourd'hui, il a perdu le contrôle. Il se peut que le Climat soit déjà dans un phénomène d’emballement. Si c’est le cas, l'humanité va s’apercevoir qu’elle n’est en réalité que bien peu de chose. C’est pourquoi elle a obligation de se reconnecter et se réconcilier avec la Nature pour espérer inverser la tendance. Avoir la capacité de le faire est une chance.
Avec Let’s Catch Carbon, nous voulons agir grâce à ces Solutions fondées sur la Nature, tout en étant conscients qu’il faudra d’autres actions, dans d’autres domaines (les énergies renouvelables, la réduction des énergies fossiles, l’efficacité énergétique…) pour véritablement garantir la survie de notre espèce. Nous collaborerons avec les autres acteurs qui s’investissent pour sauver notre planète. Cette stratégie va nous permettre d’avoir un engagement concret face au climat, avec une réalité sur l’impact constatable.
Nous n’avons rien contre la Technologie et nous ne refusons pas de nous en servir si nécessaire. Mais nous croyons à une technologie qui fait avec la Nature et non contre elle. Ce n'est pas une question morale ou éthique, avec d’un côté les utopistes et de l’autre les pragmatiques. Nous aurons simplement de meilleurs résultats en agissant avec la Nature.
Le choix d’une Solution fondée sur la Nature : l’Agroforesterie
Si les arbres couvraient l’ensemble des espaces terrestres hors terres agricoles et agglomérations, nous pourrions absorber deux tiers des émissions de gaz à effet de serre produits chaque année (source : Thomas Crother - Ecole polytechnique de Zurich).
Parmi les Solutions fondées sur la Nature, nous avons donc choisi les arbres, à travers le déploiement à large échelle de systèmes agricoles agroforestiers.
Les terres du monde entier sont de plus en plus convoitées et soumises à une concurrence féroce ; entre terres agricoles destinées à l'alimentation, terres destinées à la production d'énergie verte, terres destinées à la croissance exponentielle de l'urbanisme, aux voies de communication routière ou ferroviaire, etc. Nous devons aussi dans le même temps produire plus de nourriture et réduire les émissions de carbone. L'agroforesterie est un moyen essentiel de réconcilier ces deux objectifs : moins de terres productives et plus de production (source : Fred Stolle, directeur adjoint du programme Forêts du World Resources Institute).
Aujourd’hui, nous disposons du savoir-faire et de l'espace nécessaires pour ajouter davantage d'arbres aux terres agricoles du monde entier (source : Drew Terasaki Hart, écologue et informaticien chez TNC, 1er auteur d’une étude publiée le 28 septembre 2023 dans Nature Climate Change).
Et dans les régions où l'agriculture est un moteur majeur de déforestation, l'amélioration des moyens de subsistance des agriculteurs grâce aux pratiques agroforestières peut réduire, voire inverser la déforestation (source : CIRAD).
Agroforesterie versus reforestation ?
Pourquoi faire le choix de développer l'agroforesterie plutôt que de simplement planter des arbres ? Pourquoi pouvons-nous croire à ce modèle plutôt qu'à un autre ?
Alors que les pays du monde entier s'efforcent de réduire leurs émissions de carbone, les scientifiques soulignent le potentiel inexploité de l'agroforesterie dans la lutte contre le changement climatique.
Encadré 1 : Arrêtons-nous deux minutes pour comprendre ce qu’est l’agroforesterie. L’agroforesterie est une des techniques issues de l'agroécologie. Elle se définit comme un mode de production associant la culture d’arbres et d’arbustes avec des cultures sous-jacentes ou intercalaires (cultures maraîchères, fourragères…) ; les arbres et arbustes peuvent être plantés en pourtour de parcelles (cloisonnement) ou en ligne préservant des couloirs de culture ; sur sol en pente, les lignes de plantation des arbres suivent les courbes de niveau ; la largeur conseillée des couloirs de culture est au minimum de 10 mètres. L’agroforesterie favorise la biodiversité au sein des agroécosystèmes et améliore la productivité tout en limitant la dégradation des sols. L'agroécologie respecte les écosystèmes naturels et intègre les dimensions économiques, sociales et politiques de la vie humaine. Elle conçoit une approche globale qui concilie agriculture, écologie, productivité, activité humaine et biodiversité. Le modèle permet la captation de carbone par les arbres et le sol. Il restaure la biodiversité dans le milieu. Le microclimat créé génère des précipitations bénéfiques au milieu. Le modèle agroforestier diffère d’une production intensive en système de monoculture mécanisé et donc carboné. L'agroforesterie préserve les terres sur le long terme en transformant les pratiques des cultivateurs. L'agroforesterie possède des avantages indéniables par rapport à une simple reforestation.
Encadré 2 : Focus sur le modèle agroforestier Let’s Catch Carbon. Le modèle agroforestier promu par Let’s Catch Carbon associe de nombreuses espèces vivrières pour l’alimentation des populations (tubercules, légumineuses…), des arbres utiles (fruitiers, médicinaux, bois pour la construction…) et des cultures de rente (caféiers). Dans le cadre de la mise en place d’un modèle agroforestier, plusieurs composantes sont préalablement évaluées. Il s’agit de définir dans un premier temps les spéculations utiles pour le producteur ou la productrice et compatibles avec les éléments pédologiques, climatiques, contextuels du milieu où le modèle sera implanté. Dans cet exemple, le modèle compatible avec la parcelle et répondant aux besoins de l’agriculteur est un modèle couplant les plants de caféiers, les bananiers et des arbres fertilitaires de couverture. Chez Let’s Catch Carbon, à condition de respecter une certaine distance entre les grands arbres et les caféiers, on peut introduire entre 150 et 250 arbres dans 1 hectare de culture caféière. Pour 1 hectare, l’on prévoit d’implanter 150 plants de bananiers dès la première année qui, grâce à leur croissance rapide, fourniront de l’ombrage aux jeunes plants de caféiers. 70 arbres de couverture de type Leucenae sont également mis en place dès la première année. A partir de l’année suivante, 1250 plants de caféiers sont mis en place. Des cultures vivrières sont mises en interligne dès la première année. Le manioc, qui possède également un avantage d’ombrage léger pour les plants de café, sera mis en place dès la première année. Une culture de niébé peut être mise en association afin de bénéficier des avantages connus des légumineuses.
Étage Agroforestier | Espèces Principales | Fonctions et Bénéfices | Méthodes de Mesure et Suivi |
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Canopée hautes | Kapokier, Iroko, Acajou(espèces en danger), Fraké(Terminalia superba) | - Réservoir debiodiversité - Fournit de l'ombre - Mellifères pour la pollinisation - Restauration d'espèces menacées | - Photographie aérienne et drone pour suivi - Analyse de biodiversité par échantillonnage d'insectes et petits rongeurs |
Étage Intermédiaire (10-12 m) | Leucaena leucocephala, Cassia siamea, Erythrophileum guineensis, Pterocarpus erinaceus (aussi médicinal) | - Fertilisation naturelle du sol (évite engrais chimiques) - Activité génératrice de revenus grâce à la pollinisation et apiculture | - Analyse des sols pour enrichissement bactérien et mycorhizien - Contrôle du nombre d'espèces mellifères et suivi de |
Arbres Fruitiers et Épices | Vitex doniana (médicinal), Avocatier, Bananier, Spondia monbin, Bligia sapida, Citrus Limon, Xylopia aethiopica (poivre de Guinée) | - Production de fruits pour alimentation et revenus - Effet médicinal de certaines espèces - Enrichit la biodiversité | - Prélèvements de fruits pour évaluer la productivité - Comptage et suivi des espèces médicinales et épicées |
Étage Caféier | Caféiers | - Produit de qualité avec renforcement de la filière - Culture sous ombrage pour une meilleure résilience climatique | - Suivi de la qualité du café par des formations - Évaluation des rendements de café sous ombrage |
Plantes Vivrières et Maraîchères | Niébé (haricot blanc africain), piments, aubergine africaine, macabo, taro | - Nourriture pour les populations locales - Génère des revenus supplémentaires - Aide à la rétention de l'humidité |
Impacts | Description | Méthodes de Suivi et Mesure |
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Carbone | - Séquestration progressive : 2 t/ha en année 1, jusqu'à 10 t/ha en année 6 | - Mesure des diamètres des troncs tous les 2 ans pour estimer la séquestration - Drones pour surveiller la croissance forestière |
Biodiversité | - Réintroduction et protection d'espèces menacées - Augmentation de la flore et faune (insectes, rongeurs, etc.) | - Suivi par échantillonnage d'insectes, comptage des fleurs - Analyse des sols pour mesurer la flore bactérienne et les champignons |
Impact Social | - Restauration du lien social et renforcement de la cohésion villageoise grâce au travail collaboratif - Soutien aux formations agricoles | - Listes de présence, photos, documents de formation - Enregistrement des villages et hectares plantés dans chaque préfecture |
Certification Carbone | - Intégration dans un mécanisme de certification carbone à 6 000 ha | - Audit indépendant par cabinet de certification - Mesures du grossissement des arbres et quantification carbone |
Formation et Renforcement des Compétences | - Amélioration des compétences en agroforesterie et apiculture - Formation pour récolter un café de qualité | - Suivi des formations par témoignages et attestation - Suivi des prix et revenus tirés des productions après amélioration de la qualité |
Les bénéfices :
Choisir plusieurs espèces possibles afin de diversifier les essences arbustives ; le choix des espèces contribue à la fois à générer des richesses pour l'agriculteur mais aussi à nourrir sa famille ou encore à la soigner (plantes médicinales).
Développer des îlots de biodiversité du fait de la diversification des espèces et des essences présentes sur une même parcelle (augmentation de la matière organique, augmentation de la vie microbienne…).
Ralentir le réchauffement climatique : l'ombrage et la photosynthèse contribuent à faire baisser la température de l'air, éviter les variations trop fortes de température et faire revenir l’humidité dans l’air et les sols.
Améliorer les sols et la disponibilité de la ressource en eau, grâce à la diversité des systèmes racinaires entre plantes annuelles et espèces arbustives.
Renforcer la sécurité alimentaire des familles qui peuvent compter sur des cultures vivrières au sein de leur parcelle agroforestière.
Autres avantages :
Créer un environnement (bocage) favorable aux cultures (humidité, ombrage, diversité).
Recycler les éléments minéraux lessivés.
Disposer d’un apport en biomasse (masse totale d’êtres vivants présents dans un milieu donné) valorisable sur l’exploitation.
Créer des habitats écologiques propices au maintien des équilibres agroécologiques.
Limiter les dégâts dus au vent et/ou provoqués par le pâturage des animaux.
« Qui plante des arbres ne mourra pas de faim » - Tony Rinaudo, agronome australien
Pourquoi le choix du café ?
Le café est un produit agricole, et pas n’importe lequel : c’est la seconde matière première la plus échangée dans le monde derrière le pétrole1. Chaque jour, 4 milliards de tasses de café sont consommées soit 40 millions de tonnes de biomasse.
Le caféier pousse dans la ceinture subtropicale de la planète dans des zones où se concentrent des réserves de biodiversité considérables et essentielles pour la survie de notre planète.
Le café est présent dans notre quotidien. “Allons prendre un café” évoque l’idée de passer un moment ensemble, d’échanger, de partager, de discuter. Le geste de boire un café est pratiqué des milliards de fois chaque jour dans le monde. Il constitue donc une habitude qui permettrait de mobiliser des millions de personnes dans une communauté engagée pour la préservation de notre planète.
Encadré 3 : Arrêtons-nous deux minutes pour comprendre ce que ça change de faire pousser le café sous ombrage ! D’une part, le café est un produit qui pousse originellement en forêt. D’autre part, le marché du café monte actuellement en gamme. Or le café est l’un des produits agricoles qui peut pousser sous ombrage, à la main, de façon décarbonée, avec un haut niveau de qualité. Il peut justement permettre d’utiliser la forêt existante et reforester massivement ! Sous ombrage, la maturation se fait lentement, le sucre vient dans le fruit, le café développe un profil organoleptique rare qui correspond à l’évolution du marché. En associant des arbres d’ombrage utiles aux populations locales, on permet à la fois de : - fertiliser et restaurer les sols, - contribuer à la génération de revenus complémentaires pour les producteurs, - garantir une amélioration de la biodiversité dans ces écosystèmes. Voilà pourquoi le café est une formidable opportunité. L’industrie du café a non seulement le potentiel de contribuer efficacement à la baisse de l’empreinte carbone de la planète, mais elle permet aussi à la société de participer à la baisse des émissions carbone.
De plus le marché de ce café poussant sous ombrage est en pleine expansion. De très haute qualité, il est de plus en plus prisé par les consommateurs et les entreprises responsables ! Tout en assurant de plus larges débouchés aux producteurs, ils peuvent et doivent devenir les vecteurs d’un changement de pratiques agroforestières.
Chez Let’s Catch Carbon, nous avons souhaité nous focaliser, dans un premier temps, sur ce produit ô combien important et présent dans des zones stratégiques pour la préservation de notre planète. Nous sommes convaincus que i) la puissance des volumes de l’industrie du café, couplée à, ii) la possibilité de transition massive vers un mode de culture agroforestier, doit être une des équations de résolution du défi climatique ; et ce, grâce à la transition des pratiques agricoles à l’échelle mondiale.
Dans notre vision, l'industrie du café est une passerelle pour transformer l'essai afin de dupliquer ensuite le modèle à d'autres produits agricoles. Notre idée est celle d’un micro-geste qui, par sa récurrence, se transforme en un outil, une arme, pour mettre en place le changement nécessaire.
Encadré 4 : Que répondre à ceux qui pensent que la vraie solution Climat, c’est d’arrêter de consommer du café ? Le café est un produit agricole et nous savons que l'agriculture est un facteur d'accélération de la déforestation lorsqu’elle est pratiquée de façon déraisonnée, et tout particulièrement dans les zones tropicales. Le caféier a donc un impact sur les forêts tropicales, qui sont à la fois puits de carbone et réservoirs de biodiversité planétaire. Pour autant, nous ne faisons pas partie de ceux qui pensent qu’il faut tout stopper pour inverser la tendance, mais qu’il faut avant tout transformer l’existant pour l’adapter au défi Climat. Le café, s’il est cultivé d’une façon résiliente et durable, peut avoir un impact régénératif et protecteur du vivant. De plus, cesser la production de café aurait des conséquences désastreuses sur l'économie mondiale, aggravant ainsi la pauvreté et la faim, étant donné que cette industrie fournit des emplois à 125 millions de personnes qui en dépendent pour leur survie.* *Source : Guide du café, Quatrième édition - publié par le Centre du commerce international & Alliances for Action
Quel périmètre d’action et quelles zones géographiques à prioriser ?
Nous avons les compétences techniques et l’ingénierie de projet nécessaires à tout type de projet agroforestier visant à allier séquestration de carbone, protection environnementale et développement économique et social des acteurs exploitants des parcelles.
Cependant, nous intervenons prioritairement dans les zones de production caféière à fort potentiel en termes de surfaces de reforestation : la ceinture subtropicale planétaire.
Nous privilégions les zones bénéficiant du plus grand potentiel d’atténuation du changement climatique (croisement de plusieurs critères systémiques) et de préservation de forêts tropicales primaires millénaires.
Dans une vision de réplicabilité de notre modèle, nous agissons dans les zones tropicales qui, si elles ne couvrent que 6% de la planète, protègent 60% de notre biodiversité planétaire.
Notre action prend son point de départ en Afrique pour plusieurs raisons :
Parce que c’est une zone stratégique pour le climat et la biodiversité. Nous agissons dans le Bassin du Congo, devenu en 2022 le premier poumon vert de la planète devant l’Amazonie. Selon une étude scientifique publiée dans la revue Nature, la forêt amazonienne émet aujourd’hui plus de CO2 qu’elle n’en séquestre. Le Bassin du Congo ne doit pas subir le même sort, et pour cela, nous devons agir pour le préserver en tant que puits de carbone et sanctuaire stratégique pour lutter contre le réchauffement climatique et pour protéger la biodiversité de la planète.
Parce que c’est la terre d’origine du café.
Parce que l’Afrique pratique une agriculture familiale et que les populations peuvent plus facilement entendre un discours axé sur les pratiques agroforestières durables.
Parce que nous travaillons pour le moment en Afrique francophone, ce qui facilite le démarrage du programme.
Let’s Catch Carbon souhaite étendre ces zones géographiques vers l’Europe, l’Amérique du Nord, l’Asie… en fonction des opportunités et des capacités d’action de ses équipes.
Le choix des zones dépend de plusieurs facteurs comme l’état de dégradation du couvert forestier existant, les besoins des populations, la disponibilité des terres, la présence d’un partenaire local engagé, la volonté des États…
Nos premiers défis sont la création de zones agroforestières de 12 000 hectares au Cameroun et de 40 000 hectares au Togo.
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Nous exprimons notre gratitude envers les communautés et les cultivateurs avec qui nous collaborons, qui s'engagent avec
nous pour développer des pratiques de séquestration de carbone et de résilience face au dérèglement climatique.
Grâce à ces actions collectives, c'est l'ensemble du vivant sur Terre qui en bénéficie.